Je vous ai apporté des bonbons
Offrir des fleurs, quelle belle invention. non sérieusement, à tous les coups ça marche sauf si la destinatrice des pensées fleuries est allergique et alors là dès qu'elle aura repris ses esprits dans l'ambulance ou qu'elle aura dégonflé, elle vous fera savoir réellement ce qu'elle pense de vous ce qui est quand même un gain de temps non négligeable. Enfin dans la majorité des cas, ça déclenche un sourire, et ça vaut toutes les péripéties, la destruction des hectares de tulipes Hollandaises et les gloussements entendus tout le long du chemin (fleuriste->demoiselle). Moi je ne m'en lasse jamais. Grand timide devant l'éternel, ou même n'importe quelle charmante jeune fille, je bénis chaque jour le mec qui a inventé le langage des fleurs et les fleuristes qui savent faire des compositions dignes d'un tableau de Gauguin et surtout beaucoup plus jolies que le bouquet de pissenlits qu'on aurait ramassés sur le chemin (remarque pour ceux qui habitent les îles, les pissenlit peuvent être plus jolis).
Une des plus exotiques fois, fut celle où après avoir été
tous les dimanches au même supermarché en passant par la même caisse pour
voir la même caissière (oui bizarrement ce n'était pas pour la caisse
ni le magasin en eux-même), je me suis décidé à faire un pas. Et comment
faire un pas sans fleurs ? Or plutôt que de rentrer dans un supermarché avec
des fleurs pour les laisser à une des caissières, sans que la stalinienne caissières centrale ne me les kidnappe, je me
suis dit qu'heureusement je n'avais pas choisit la caissière d'un Lidl ou d'un
Cora (et oui ça existe encore il paraît) et qu’à son travail ou pour être plus
joyeux, notre lieu de rencontre habituel, il y avait un stand de fleurs. Ô joie
de la consommation où même les fleurs sont accessibles rapidement. Bref j'ai
décidé de passer 3h (c'est la durée qu'il m'a paru s'être écoulée) pour choisir
une jolie fleur, car une fleur ça parle. Non pas seulement les carnivores, mais
tout le bouquet doit pouvoir exprimer quelque chose, les couleurs, les
senteurs, la structure doit correspondre et marquer une expression que seul les
fleurs savent faire ressentir. Pour mon
histoire, après avoir demandé à la
vendeuse de fleur comment il fallait les conserver et si c'était vraiment
nécessaire de les mettre dans le bac à légume pendant l'hiver, même les
romantiques doivent payer les fleurs, et avant que le magasin ne ferme et pour éviter
que ma caissière ne s'envole avec la caisse mais sans mes fleurs, je me suis
mis dans la queue. Là je vous passe les détails vu que j'étais dans une file avec des vieux et je m’étais habillé façon demande
en mariage à Venise. Toujours est-il qu’après avoir fait défiler mes courses
devant ma si jolie caissière (et là vous vous demandez comment le romantisme
n'a pas pu être rompu par le prix qui s'est inexorablement affiché devant les
yeux de ma charmante demoiselle, mais pensez-vous qu'elle retienne tous les
prix de tous les article de la journée ? Et puis, je préfère penser que non) Donc j'ai
pris mes articles et devant son interrogation face à mon oubli de fleur évident
à côté d’elle, je lui annonce qu'elles sont pour elle.
Et là, il y a peut-être des moments où on se dit que le
ridicule ne tue pas mais qu’on n’aimerait bien, qu’une file de vieux à une
caisse ça ressemble un peu à un peloton d’exécution tue l’amour mais le regard
étonné, charmé et encore plus brillant de ma chère caissière sont l’un des plus
beaux souvenirs de ma vie. Désormais, ce souvenir me fait dire que rien, non
rien de rien ne peut m’empêcher de retenter des gestes qui peuvent paraître
incongrues, ridicules et qui me feront peut-être courir à ma perte. Car s’il y a ne serait-ce qu’une infime
chance pour qu’en retour je sois abattu par un tel sourire plutôt qu’un éclat de rire alors ça vaut la peine de
foncer. Pour finir, je laissais une carte (à la caissière centrale qui n’avait
pas vu mon action au ralenti) expliquant mon geste ainsi qu'un appel à me
répondre sur mon tel, mais surtout ma peur du regard des autres parce qu’au
fond un seul regard m’importait et il avait vaincu tous les autres.